CHAPITRE 4 Le mécanisme.

 

En approche de la station orbitale qui avait abrité son ragréage, le Zéro Plus revenait de son ultime parcours d’essai, une boucle d’un milliard de kilomètres à une vitesse ayant culminé si près de celle de la lumière qu’au moins douze de ses ingénieurs s’étaient pris à rêver de défier la physique einsteinienne, une boucle à peine interrompue par deux immersions dans le Ban. Il n’avait pas échangé, il avait transduit, comme seuls savaient le faire les AnimauxVilles, en se glissant dans une maille qui reliait deux nœuds très proches. Les nœuds étaient vraiment très proches, à peine un demi-parsec, et l’astronef avait consommé la totalité de son produit fissile en réalisant l’aller-retour. Il avait même failli ne pas arriver et ne pas revenir, mais cela n’avait pas de rapport avec l’énergie mise en œuvre, ni avec les équations utilisées par le calculateur. C’était comme si une force avait dévié le vaisseau, comme si la maille s’était déformée dès son intrusion et avait tenté de l’expulser ailleurs qu’au point visé, dans une direction qui n’était pas déterminable et qu’il ne pouvait pas atteindre.

Ce n’était pas le premier incident. Depuis que le Zéro Plus testait ses nouvelles capacités, chacune des six plongées dans le Ban avait connu semblable avatar, chaque fois plus violent, et si, à la demande de l’Ingénieur Hualpa, personne n’avait mentionné les incidents en dehors du poste de commandement, il était clair pour chacun que la théorie d’Iztoatl imputant le phénomène à la supernova manquait de conviction et de données tangibles. Pourtant, l’Assistant n’en démordait pas et l’Ingénieur lui accordait une pleine et arbitraire confiance.

Les yeux rivés sur l’écran restituant l’image de la station que l’astronef approchait, Hualpa essayait de se vider l’esprit. L’hypothèse de son assistant ne l’intéressait pas, pas plus qu’il n’avait d’opinion sur son fondement scientifique. Par contre, l’intuition qu’il avait de son authenticité, comme la réminiscence qu’Iztoatl avait invoquée pour justifier sa conjecture, le ramenaient à des considérations qu’il eût préféré écarter, du moins tant que le Zéro Plus était dans la zone d’influence des Comices.

Dans la médiathèque de Titlan, l’Ingénieur Hualpa avait trouvé près de dix millions de confirmations des assertions du Consul sous forme de morts certes naturelles mais tout à fait inattendues, sinon anormales. Des causes de décès qui se devaient d’être anecdotiques, tant elles étaient théoriquement rares ou improbables, se révélaient des phénomènes statistiquement signifiants que personne n’avait jamais étudiés. Des dysfonctionnements armoriaux, réputés exceptionnels ou impensables, s’avéraient, toutes proportions gardées, presque banals. Des dizaines de propositions ou d’idées politiques nouvelles apparaissaient sporadiquement, comme des ritournelles, et disparaissaient, faute de propagateurs, après une maladie rarissime ou une panne qui n’arrive jamais. Parmi elles, le ou les sièges féminins aux Comices, dont aucun éon ne se souvenait vraiment, sinon comme d’une lubie lancinante que le bon sens désagrégeait cycliquement.

De l’antémémoire de son armure, il n’avait rien appris qui confirmât le combat entre Hualpa et Iztoatl. Il avait seulement vérifié que des secteurs entiers en étaient non pas effacés mais plombés, et que les rares bribes de personnalités Hualpa auxquelles il avait accès ne concernaient que leurs compétences scientifiques, à l’exception de son prédécesseur immédiat dont il n’avait aucune trace. À l’inverse, l’éon de son assistant ne se constituait que de la personnalité d’Iztoatl, moins les souvenirs de ses cinq dernières années de vie, comme si la démence qui l’avait emporté était à l’origine d’une amnésie sélective en laquelle aucun d’eux ne pouvait plus croire… pas depuis qu’ils avaient examiné l’armure du garçon, en tout cas.

Ce n’était pas que le carbex dont elle se constituait vérifiait globalement les affirmations de Xuyinco, mais parce qu’il ne leur avait été permis de le tester que sous le contrôle d’un Armurier et parce que cet Armurier, Sletloc, avait décrété qu’il accompagnait le Zéro Plus vers la supernova.

Hualpa se sentit dépossédé de sa mission. Un Armurier à bord ! Un Armurier qui se prétendait seul capable de maîtriser le garçon, ou, plutôt, l’armure du garçon et la myriade de nanones grouillant dans son carbex. Parce que, à l’image du Zéro Plus, Tecamac était une usine de guerre fourmillant d’ouvriers spécialisés qu’organisait en gestalt une intelligence artificielle.

« Nous n’avons pas pu faire mieux en si peu de temps », affirmait Sletloc.

Ils avaient disposé de vingt ans !

« La machine est imparfaite, mais elle remplira aisément sa mission. »

Imparfaite, la machine avait massacré six Voltigeurs en une seconde. De quelle mission devait-elle encore s’acquitter ? Il ne pouvait pas seulement s’agir d’épauler le Zéro Plus dans la maîtrise de la supernova. L’armure seule, vide, eût suffi.

« Il est regrettable de devoir sacrifier le garçon. Toutefois, je doute, et les Censeurs avec moi, que ses tendances asociales puissent mieux contribuer au devenir du Mécanisme. Il a goûté au meurtre et il n’en éprouve aucun remords. La sanction est le bannissement. Celui que nous lui offrons est inespéré. »

Ils l’avaient piégé et ils avaient décidé de le faire depuis plus d’un an. Tout avait été calculé, jusqu’au rachat d’une faute provoquée, débarrassant, au passage, le Mécanisme de ses revendications féministes. En écho des paroles du Consul, Hualpa y voyait un avertissement : la supernova n’était pas seulement l’occasion de faire le ménage autour de Titlan. Avant de débarrasser l’univers de la morgue des AnimauxVilles et des Organiques, bien avant d’asservir les Connectés et les Originels, les Armuriers entreprenaient de nettoyer le Mécanisme de ses impuretés, et lui, l’Ingénieur qui avait rendu cette hégémonie possible, était la plus visible des souillures.

Xuyinco avait eu raison : la présence de Sletloc était bien le signe que la mission du Zéro Plus lui échappait. Hualpa força son regard à suivre le ballet des tentacules de la station, se concentrant sur les arabesques que dessinaient certains d’entre eux pour accrocher leurs ventouses sur le vaisseau, le lover entre leurs bras et le tracter jusqu’à l’appontement.

— Propulsion nulle, annonçait Iztoatl dans son dos. Correction d’assiette achevée. Arrimage dans vingt secondes.

Hualpa ne se retourna pas, ne réagit pas. Les annonces d’Iztoatl lors des manœuvres à risque étaient aussi inutiles que leurs présences dans le poste de commandement. Le pilotage de l’ordinateur du Zéro Plus était irréprochable et ne pouvait de toute façon pas être remis en cause, pas plus que la chorégraphie orchestrée par le calculateur de la station. Si un dysfonctionnement se produisait, il se produirait sans qu’aucun Mécaniste puisse le prévenir ou intervenir.

Simultanément, huit tentacules enlacèrent l’astronef – cela se fit sans heurt et dans un silence absolu – et l’attirèrent vers la saignée barrant la sphère de radoub.

— Contact moins une minute, signala Iztoatl. Approche parfaite.

« Approche parfaite », se répéta Hualpa.

Que pouvait bien signifier cette perfection dans l’esprit de son assistant ? Qu’il pouvait être satisfait de leur travail lorsqu’ils avaient conçu le Zéro Plus ? Qu’il était fier du Mécanisme ayant conduit à cette précision ? Ou qu’il y avait toujours quelque chose de miraculeux dans une manœuvre mille fois répétée se déroulant sans anicroche ?

Troisième possibilité… Il ne croit pas à la perfection.

« Absurde ! » retourna l’Ingénieur à son armure.

Il avait répliqué avec violence. Hualpa s’adressa à lui sur un mode d’apaisement :

Inepte, bien sûr, mais pas illogique. Si tu admets qu’il existe une perfection, il te faut admettre l’existence d’une perfection de signe inverse… l’incident parfait comme pendant au déroulement parfait. D’une certaine façon, il est préférable de penser qu’une petite erreur de calcul croisera une légère faille, les deux pouvant alors se corriger.

Instantanément, l’Ingénieur s’engouffra dans la brèche :

« Poussé à l’extrême, le raisonnement induit que le calculateur finira par commettre volontairement les erreurs…»

Paranoïa.

Depuis la rencontre avec Xuyinco, c’était la huitième fois que l’armure bloquait une discussion avec le mot « paranoïa ». Du moins, Hualpa se bloquait-il. Ce qui n’empêchait pas l’idée de se creuser un chemin dans son esprit, parallèlement à une autre idée qu’il qualifiait lui-même de mégalomane.

Prendre en charge le destin du Mécanisme parce que le Consul avait éveillé sa suspicion à l’encontre des Armuriers qui, eux, contrôlaient le Mécanisme depuis toujours… lui qui avait voué sa vie au Mécanisme et en éprouvait la plus satisfaisante fierté, lui qui n’avait aucune ambition pour le Mécanisme, sinon celle des Armuriers.

« Peut-être que moi aussi je ne crois pas à la perfection. »

C’est parce que tu n’en as aucune représentation mentale et que tu la classes dans le domaine de l’utopie. Commence par la définir, elle deviendra d’elle-même un projet.

Hualpa craignait que ce projet ne soit différent du Mécanisme, mais il redoutait davantage encore qu’il lui ressemble à les confondre.

 

Tecamac avait suivi l’approche du Zéro Plus avec le même émerveillement qu’il avait ressenti en le visitant la première fois. Pour lui, le Zéro Plus évoquait un animal mythique qui fendait l’espace d’un vol presque fluide, ni oiseau ni poisson, le fruit d’un métissage harmonieux entre une baleine et une chauve-souris. Il rêvait de le chevaucher, il l’avait investi comme Jonas, en hôte devenu maître des lieux.

« Parcours-le de fond en comble, avait exigé l’Armurier Sletloc, apprends-le. Ne te fie à aucun plan, ne te fie même pas à ton armure. Je veux que tu le connaisses mieux que quiconque, je veux que tu puisses y débusquer n’importe qui ou t’y embusquer sans laisser à personne la plus petite chance de te dénicher. »

Tecamac n’était pas sûr d’avoir une opinion sur l’Armurier, mais il savait que celui-ci avait le droit de vie et de mort sur lui, et il avait senti que son pouvoir s’étendait à bien plus que lui, à bien plus que le vaisseau et ceux qu’il emporterait vers la supernova. Sletloc l’avait sorti de prison après une seule nuit, comme on prend une pomme sur l’étal, et il l’avait conduit directement à l’Ingénieur Hualpa.

« J’ai racheté ta vie aux Comices, avait-il dit. Tu ne passeras devant aucun tribunal, tu ne seras ni désarmé ni exilé sur un monde en terraformation, mais tu n’as plus ni liberté, ni libre arbitre. Tu appartiens au Mécanisme dans ce qu’il a de plus absolu et tu lui sacrifieras ton existence. Hualpa pilote le Zéro Plus mais c’est auprès de moi que tu prendras tes ordres. »

Aucune allusion au sextuple meurtre, aucune question, aucune menace. Sletloc dictait, mais l’adolescent n’avait saisi que l’importance de son rôle, le meilleur rôle, celui qui passait par le don de soi. Il avait du mal à croire qu’on lui apportât ses rêves sur un plateau et qu’il dût cette aubaine à la mort de Zezlu. Non pas à la mort de Zezlu – l’idée était même insupportable – mais à celle de six assassins, qu’il tuerait encore s’il devait le refaire.

— Tu rêvasses encore, reprocha Maître Chetelpec.

Le Maître était derrière lui. Tecamac inclina la tête, comme pris en faute, mais sa voix était ferme lorsqu’il se tourna vers lui :

— Je ne peux et je ne veux pas contenir mes rêves. Maître… ni mes souvenirs.

— Je ne te le demande pas. Je te reproche seulement de ne pas le cacher.

L’adolescent haussa les épaules. Chetelpec eut un geste d’agacement.

— Tu es à l’âge où on peut se moquer de sa propre vie et commettre les pires impairs par conviction… par conviction ou sur un coup de tête, mais les deux justifications sont une seule et même excuse : celle de l’inconséquence et du nombrilisme. Tes convictions reposent sur l’ignorance ou, à tout le moins, le manque de recul, et tes coups de tête ne servent qu’à satisfaire ta conscience de toi sur un mode émotionnel. Ni l’un ni l’autre n’ont le moindre sens dans la durée.

Tecamac ouvrit la bouche pour se rebiffer.

— Laisse-moi finir ! tonna Chetelpec. La durée, ce n’est pas t’extasier maintenant devant la mission qu’on te confie, c’est la conduire à terme. Alors, après avoir frémi à chacune de ses étapes, tu pourras jouir de son accomplissement. Pour l’instant, tu te contentes de profiter de l’excitation qu’elle te procure pour te masturber l’ego, et tu es prêt à en sacrifier la réalisation sur la seule foi de ton auto-apitoiement.

— Ce que je ressens ne nuira pas à la mission.

— Tu ne sais déjà rien en ce qui concerne la maîtrise que tu peux avoir d’elle et de toi, et tu ignores tout de l’interprétation que les autres feront de ta façon d’être. Il est possible que l’Ingénieur Hualpa se contrefiche de tes états d’âme et probable qu’il se borne à en user. Mais Sletloc, et tous les Armuriers derrière lui, connaissent le risque qu’ils prennent en sollicitant ton romantisme. S’ils viennent à douter de toi, ils t’élimineront de l’équation. Ils ont besoin de toi en équilibre sur un fil monomoléculaire, pas en chute libre. Alors rêvasse, si tu veux, mais que ça ne se voit pas. Tu peux comprendre ça ?

Tecamac hocha la tête, deux fois.

— Je comprends.

— Bien.

— Mais je n’admets pas.

Le Maître ne put retenir un sourire, alors il en profita pour pousser plus loin la leçon :

— Jamais les Censeurs ne t’auraient confié cette armure si tu avais été capable d’admettre les indéfectibles. Le refus des tabous, le mépris des principes, l’envie de bousculer la chose établie, et même l’individualisme sont des qualités indispensables aux primanymes, parce qu’il faut de très fortes personnalités pour constituer les éons des armures. Tu en devines la raison ?

L’adolescent hésita :

— Pour que les armures soient fiables ? Pour qu’on puisse compter sur elles ? Pour que… je ne sais pas, pour qu’elles soient le meilleur complément possible de ceux qui les endosseront ensuite, quels qu’ils soient ?

— Ça, ce sont des justifications, mon garçon, pas des raisons. (Chetelpec soupira, puis il s’exprima avec beaucoup d’amertume :) Un éon est un moule. Sa première fonction est de s’assurer que les successeurs de son primanyme ne développeront pas leur propre personnalité ou, à défaut, que l’armure pourra la canaliser.

Une fois de plus, Tecamac comprit son heureuse fortune : son armure lui ressemblait parce qu’il en avait façonné la conscience, mais combien de Mécanistes avaient fini par ressembler à leur armure parce que c’était elle qui les avait façonnés ? Il osa une question qui eût été impensable quelques semaines plus tôt :

— Vous souffrez de votre armure, Maître ?

— Et elle souffre de moi. (Il y avait une intonation revancharde dans la voix de Chetelpec.) Mais là n’est pas mon propos. Si tu veux ne rester que ce que tu es, Tecamac, il va te falloir apprendre à composer avec le milieu dans lequel tu évolues. Sinon celui-ci te changera ou te détruira. Et si tu ne veux pas qu’on te dresse, il faut te domestiquer toi-même. Dis-toi bien que si tu as appris à interpréter les ordres, c’est uniquement qu’on t’a permis de le faire, parce que, étant seul à posséder tes compétences, il serait inepte qu’une directive les limite, sous prétexte qu’elle est vitale pour les autres. Il en est de même pour les interdits, que tu transgresses avec la conviction qu’il suffit de ne pas se faire prendre. C’est vrai et ce le sera encore davantage avec Sletloc et Hualpa, mais ce qu’on tolère de ta part, dans l’unique but de te rendre encore plus performant, n’est valable que pour toi et ne pourra jamais excéder certaines limites.

— Un fil monomoléculaire, j’ai saisi. Maître.

De nouveau, Chetelpec s’impatienta :

— Je ne te demande pas de saisir ! Je veux que la seule évocation d’un interdit t’amène à réfléchir aux moyens de le bafouer. Je veux qu’à la fin de l’énoncé de chaque ordre tu puisses en démontrer la stupidité. Je veux que, en toutes choses, tu respectes l’esprit et jamais la lettre. Et je veux que tu prouves à ceux qui attendent quelque chose de toi que leurs espoirs sont étroits et mesquins !

» Ils t’ont choisi parce que tu étais le meilleur outil pour les aider à réaliser leur projet le plus ambitieux. Être le meilleur ; c’est toujours un pis-aller Va plus loin. Donne-leur plus que ce qu’ils désirent. Donne-leur ce dont le Mécanisme a besoin. La seule chose à laquelle tu n’aies pas droit, c’est de les décevoir. Dans ces conditions, et dans ces conditions seulement, un jour, tu pourras rêver à voix haute.

Quand le maître acheva sa tirade, le disciple était bouche bée. Il se sentait incapable, aujourd’hui, de tirer le moindre enseignement de ce qu’il venait d’entendre. Il comprenait juste que Chetelpec l’avait fait dépositaire de quelque chose qui les dépassait tous deux et que cette chose, qui hanterait désormais toutes ces réflexions, lui interdisait la médiocrité.

Doit-on aussi transgresser cet interdit ? ironisa Tecamac mais l’armure ne semblait pas moins étourdie que lui.

L’armure du vieux maître, elle, ne souffla rien à son compagnon. Elle comprenait que celui-ci ne cherchait qu’à prolonger la vie de l’adolescent au-delà des limites dont les Comices, les Censeurs et les Armuriers avaient décidé. Elle comprenait le procédé et les motivations, et, pour une fois – était-ce parce que la personnalité du garçon lui rappelait celle de son propre primanyme, ou parce que les émotions de Chetelpec finissaient par déteindre sur elle ? –, elle comprenait l’offrande. Cela ne l’empêcherait pas de les dénoncer tous deux, ainsi qu’elle l’avait toujours fait.

 

Etoiles Mourantes
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